Peut-on bloguer sans se prostituer… ?

« L’écriture ressemble à la prostitution. D’abord on écrit pour l’amour de la chose, puis pour quelques amis, et à la fin, pour de l’argent. »

Molière (merci Sam & Max)

(précisions : « bloguer » ou éditer sur internet dans un sens plus large que cette forme spécifique qu’est le blog. « Prostitution » dans le sens compromettre son intégrité physique/morale/artistique/intellectuelle/éditoriale contre rémunération pécuniaire ou autre)

C’est donc un billet d’humeur aujourd’hui…

Depuis quelques jours, je mets en pratique, avec plus ou moins de succès, divers moyens de rembourser mes frais d’hébergement. Ceux-ci sont modestes (voir la page Transparence sur ce même blog), mes ambitions ne sont donc pas très grandes. Mais j’ai quand même l’impression de mendier ou de me prostituer.

Pourtant, en ce qui concerne l’optimisation de mes sites pour maximiser leur indexation et leur positionnement sur Google, je me pose moins de questions. Mais c’est pourtant un peu pareil : on franchit une étape à partir du moment où on poste un article pour créer un contenu qui constituera une réserve de mots-clés potentiellement utilisables pour mieux positionner le site sur les moteurs de recherche et attirer plus de monde. On ne vend pas son âme pour du pognon mais pour de la popularité. Etre dans les premiers résultats d’une requête Google, c’est un peu le quart d’heure Warholien de l’éditeur internet…

Dans ce domaine, je suis moins complexé pour la bonne raison que je me fais plaisir avant tout : s’il y a des initiés du positionnement qui passent un jour sur mes sites, ils verront qu’il y a quand même du boulot (une belle marge de progression comme on dit quand on veut être diplomate) ; j’ai encore beaucoup à apprendre (et j’aime ça) et je prends surtout ça comme un jeu, un peu puzzle game, un peu god game (Populous ? Lemmings ? Flatteur pour toi, lecteur de passage, n’est-ce pas ^^ ?). Et j’adore ça.

J’ai le plaisir de pouvoir m’exprimer à peu près librement sur le fond et la forme (il me semble que je suis limité par les lois US et française ainsi que par les CGU de mon hébergeur américain mais je n’en suis pas encore à faire de la corruption de mineurs avec des vidéos de « Fecal Japan » (<= hey, Moult, je l’ai placé ^^ !)), j’ai la satisfaction de publier du contenu que je pense intéressant pour certains et d’assurer en quelque sorte sa pérennité (là, je pense plutôt à mon site de généalogie, aux aides de jeu Dofus, à mon manuscrit de thèse, etc.) et, à côté de ça, limite indépendamment, je joue au webmaster.

Tout allait pour le mieux dans le pire des mondes quand le pognon est venu gâcher ce tableau… Personne ne m’oblige à payer pour utiliser mon propre nom de domaine. Je pourrait rejoindre de nouveau FB, publier mon blog sur Overblog, mes forums sur Forumactif et ma généalogie sur Geneanet mais c’est mon initiative, mon luxe à moi, mon hobby à 4,22€/mois.

Pourquoi chercher à se faire rembourser par autrui le cout de mes loisirs internet ? Je me demande ce qui m’est passé par la tête au point d’en venir à mettre des liens Amazon dans la moitié des billets de ce blog, des bannières sur mes sites les moins déserts, des boutons Flattr, un bouton Paypal…

Je dois avouer qu’au début, je ne me suis pas trop posé de questions, j’ai commencé à mettre un bouton Flattr et Paypal sur mon site de généalogie. Parce que c’est le résultat d’années de recherches en ligne, de compilation et mise en forme de données publiques diverses, que c’était plus souvent un travail qu’un hobby. Les années passant, j’ai pu voir que ça a été utile à certains qui ont repris ces données me confortant dans l’idée que leur publication sur internet a lieu d’être. Je ne voulais pas faire de mon site de généalogie un site marchand comme Geneanet, pourri de publicité et d’options payantes même pour les gens qui fournissent le contenu qui fait la gloire de ce site. Je voulais juste rendre « mécénable » mon site de généalogie : donner aux intéressés la possibilité de co-financer la publication de ces données.

Mais voilà, Paypal et Flattr, ça n’intéresse pas les visiteurs de mon site de généalogie. Je suppose que les gens sont méfiants mais je pense aussi rejoindre cet article PDF qui semble dire qu’en ligne, les gens sont moins enclins à donner un pourboire qu’IRL. Ces pratiques changent mais c’est encore underground, trop pour être fonctionner sur mes sites.

Du coup, et c’est là que j’ai franchi la ligne jaune, j’ai voulu compenser l’échec de ma proposition de soutien de mon site de généalogie (démarche volontariste du mécène) par des campagnes de pub en ligne sur mes autres sites (démarche passive de l’internaute) : bannières sur certains sites, liens Amazon sur ce blog. J’ai aussi mis des boutons Flattr sur ce blog pour mettre en compétition Flattr et les pubs et voir qui fonctionne le mieux. Sur ce dernier point, je relativise : si les raisons du placement de ces boutons Flattr sur ce blog étaient initialement mercantiles (et mauvaises en plus : je n’ai rien à y vendre, le contenu de ce blog n’est pas d’un travail mais uniquement « hobbyiste »), la publication de ces billets sur Flattr (pour chaque bouton, j’ai une page correspondante sur le site Flattr.com) m’a ouvert les portes d’une communauté et indépendamment de ce que ça peut me rapporter financièrement, je suis persuadé que ça aide Flattr d’y participer de la manière la plus large possible. Plus le temps passe et plus ces boutons sont pour moi un acte de militantisme pro-Flattr/anti-pub.

Et c’est là que je fais une pause dans cette lente descente aux enfers de la monétisation et du marketing du moindre contenu internet et que je réfléchis devant vous (avec vous ?) à la possibilité de carrément revenir en arrière pour sauver mon âme, de poser des garde-fous m’empêchant de sombrer dans l’abîme du parasitisme le plus décomplexé. Pour l’instant, je pense m’en être un peu préservé dans le sens où mes liens et bannières ne m’apportent rien à l’affichage mais tendent vers des pages d’achat de produits sur lesquels je touche une commission. Je ne prends pas les gens en traitre mais j’ai quand même foutrement l’impression de mendier pour pallier à une situation que j’ai moi même choisie…

Voilà donc à quoi je pense actuellement et ce qui me perturbe à chaque fois que je vois mes liens sponsorisés. Voisin blogueur, si tu lis ce billet, j’aimerais bien connaitre ton sentiment vis à vis de tout ça.

Edit 7/10/2011 : C’est suffisamment rare pour le signaler, y en a d’autres qui pensent à peu près comme moi sur le blogging de loisir

httpv://www.youtube.com/watch?v=HgLgogdpSBg