Hey, ça faisait longtemps ! Ben oui, j’ai décidé il y a quelque temps de ne poster sur mon blog que lorsque j’en avais vraiment envie (puis ceux qui me connaissent bien savent que je suis aussi un peu actif sur un autre blog plus sérieux).
Alors que je trainais sur… euh… sur l’internet, je suis tombé sur ça : Gay Cliques Census. Oui, vous l’avez compris, ce billet va être « thématique » (du français « non Madame, tu peux pas m’accompagner, je vais boire un coup dans un bar à thème »). Je préviens d’ors-et-déjà que c’est du coupage de cheveux en quatre qui risque d’être casse-couille pour ceux qui n’ont pas d’affinité pour la chose statistique ou pour tout ce qui concerne la communauté LGBT (et en plus j’ai pas encore mis d’image). Je préviens aussi que je n’ai rien créé, ni produit aucune donnée, que tout se trouve sur le site ci-dessus mais il semble qu’il nécessite un peu d’accompagnement pour certains lecteurs.
Si vous n’avez pas déjà cliqué et consulté le site en question (qui a déjà sa fanbase dans la mesure où il existe depuis au moins 3 ans sous une forme ou une autre), sachez qu’il propose un truc intéressant : définir, selon des critères relativement simples à déterminer (âge, poids, taille, tour de taille, pilosité) à quel type de gay vous correspondez. Ne poussez pas déjà des cris d’orfraie, lisez on en discutera plus tard.
On dit « gay » mais je pense sans me tromper qu’on peut élargir à « bi », « hétéro-curieux », « pansexuel », etc. bref la grande et nébuleuse communauté HSH. Je dirais même que ce serait rigolo pour un hétéro pur et dur de voir à quoi il correspondrait s’il virait sa cuti et qu’on le « lâchait en pâture au Milieu ». D’ailleurs, certains s’en sont déjà amusés, apparemment.

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Des styles de gays ?
Ce n’est pas nouveau mais chez nous, on a tendance, consciemment ou non, à se classer en tribus informelles déterminées en fonction de l’apparence, de l’attitude, des gouts, des pratiques sexuelles, des hobbies, etc. Pour le commun des mortels, dans une moindre mesure, ça correspondrait aux « MILF », « cougar », « bimbo », « cagole » (un produit de terroir ^^), « minette » et je-ne-sais-quoi d’autre parce que je n’y connais rien en la matière. Il me semble qu’en France, les femmes sont plus souvent catégorisées par les hommes que le contraire.
Ayant un certain sens de l’autodérision, je crois que nous avons plus facilement tendance à accepter ce genre d’étiquetage voire à se les auto-attribuer. Disclaimer : je ne suis pas catégorique parce qu’il y en a aussi pas mal qui refusent absolument qu’on leur attribue ce genre d’étiquette. C’est d’ailleurs la tribu des « hors Milieu ». Les américains (et les japonais aussi je crois) ont poussé cet art de l’étiquetage jusqu’à une subtilité qui peut parfois nous échapper à nous, humbles français (ou du moins à moi qui me contentais jusqu’alors de Minet/Bear/Gym queen/Vieux/Normal). Dans un premier temps, je vais me contenter de porter votre attention sur les différents types qui peuvent résulter des données que l’on renseigne dans l’infographie en question :
- Twink (Minet) : mec jeune, maigre et imberbe.
- Bear (Ours) : mec d’âge moyen, enrobé et poilu.
- Muscle bear : mec d’âge moyen, enrobé mais musclé et poilu.
- Otter (Loutre, terme qu’on trouve notamment dans les « tribes » sur Grindr) : jeune mec, maigre et poilu (ou « twink » poilu).
- Cub (Ourson) : jeune mec, enrobé et poilu (ou jeune « bear »).
- Muscle cub : jeune mec, enrobé mais musclé et poilu.
- Wolf (Loup) : mec d’âge moyen, musclé et poilu.
- Pup (Chiot) : jeune mec de corpulence et pilosité moyenne.
- Muscle pup : jeune mec musclé et moyennement poilu.
- Bull (Taureau) : mec d’âge moyen, bodybuildé et poilu. Une Gym Queen poilue ^^ ? Typiquement le style de mecs dessinés par Gengoroh Tagame.
- Chub : pas vraiment de surnom traduisible pour ces mecs très gros (obèses) et peu poilus.
- Gainer : Ca devient subtil, ceci correspond à un chub qui s’assume et/ou en devenir. Donc une notion d’attitude qui s’accumule avec l’apparence physique.
- Gym bunny : jeune mec musclé et glabre.
- Gym rat : mec d’âge moyen, musclé et glabre.
- Daddy (papa) : mec d’âge mur, de corpulence et pilosité moyenne.
- Chaser (trappeur) : là aussi, c’est trop subtil pour moi. Une tribu, axée sur les préférences, qui correspond aux mecs qui se rêvent les bears. Apparemment un peu boudinets et moins poilus que la moyenne.
- Average : le mec moyen. Toi, moi… ou plutôt les autres parce que moi, ça y est, j’ai déjà ma tribu.
- None : le profil des rebelles, ceux qui ne veulent être associés à rien du tout, même pas moyens. Mais qui sont moyens.
Bon, vous avez compris le truc ? Vous saurez vous repérer ? Je mettrais des images au fur et à mesure que j’en trouverai si vous en avez des meilleures, plus justes, je suis preneur. Sachez qu’il reste d’autres types basés sur l’apparence physique. Par exemple, il n’y a là qu’un seul type de mec d’âge mur, y en a d’autres comme les grizzlis, les ours polaires, etc. Ou encore d’autres combinaisons (exemple les gym queens). L’échantillonnage étant surtout basé sur une communauté de Bears ou assimilés, l’essentiel des tribus tourne autour du sujet dans cette infographie. Sachez pourtant qu’il y a d’autres étiquetages de ce genre, une infinité… C’est le zoo de la Palmyre ! Finalement, c’est un classement très superficiel et très clivant mais les statistiques relevées par Dylan montrent que ce clivage a une réalité et des conséquences notamment puisque la plupart de ces groupes ont semble-t-il des us et coutumes sensiblement différents.
Il y a quelques points négatifs sur la forme : après avoir fait faire le test à mon entourage, on a constaté que personne ne rentrait à 100 % dans un profil. Des alternatives sont suggérées mais ne sont pas forcément convaincantes. C’est probablement dû au fait que les scores de correspondance tels qu’ils sont calculés doivent être trop dépendants des moyennes plutôt que sur les écarts-types. Mais je ne suis pas un expert. Y a aussi des tribus qui se ressemblent trop pour ne pas être rassemblées (exemple : Chub/Gainer, c’est la même chose, faut pas déconner).
Contribution et utilisation de cette étude
Il n’y a pas que cette infographie qui est proposée mais surtout le sondage qui permet d’enrichir ce jeu de données. Quand on le consulte on comprend la subtilité de cette étude : OK pour les données physiques et les préférences, le principe est simple mais pour la tribu, c’est basé sur la déclaration. Déclaration ouverte, ce qui signifie que vous pouvez vous identifier à d’autres groupes que ceux proposés (traps, drag queen, grizzli, fox, panda, etc.). Quand il y a suffisamment de monde pour un groupe, le profil correspondant est constitué et comparé aux autres. C’est comme ça qu’est apparu le groupe « Bull » bien après les autres parce qu’il n’y en avait pas suffisamment ou que d’autres sont toujours en réserve en attendant que la base s’enrichisse.
Ainsi, parmi tous les groupes existants, il y en a pas mal qui s’avèrent n’être revendiqués que par très peu de monde et n’être finalement que des constructions artificielles. Dans son blog, Dylan parle notamment du groupe « Chicken » (poulet) qui est principalement utilisé au Royaume-Uni par des vieux pour désigner des jeunes. Du coup, d’une étude statistique a priori gadget, on arrive à obtenir une image pas trop mauvaise de la communauté gay américaine. Elle montre une communauté balkanisée où ceux qui se ressemblent s’assemblent (dans la plupart des cas). Au delà de l’exercice statistique (et graphique), loin d’encenser l’existence de ces cliques, Dylan semble plutôt pointer du doigt leur manque d’ouverture.
En ce qui me concerne, je ne vais pas trop me mouiller et je ne ferais pas de procès d’intention aux personnes qui s’assument comme faisant partie de telle ou telle clique (ou ne faire partie d’aucune d’entre elles). Je ne suis pas certain que chacun puisse avoir un si grand pouvoir que ça sur sa propre apparence (corpulence, pilosité) et encore moins sur les préférences des autres à son égard (même si je pense qu’elles doivent être influencées d’une manière non négligeable par un certain formatage de clique. Et en conséquence renier les cliques serait un moyen se se sortir de l’influence de ces dernières sur nos propres comportements). Mais je pense que l’ensemble des HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) n’est pas assez grand ni suffisamment interconnecté (je ne parle pas forcément d’internet) pour éviter ces inévitables replis sur soi qui touchent les populations isolées de faible effectif. Justement, une façon de lisser ces formatages est de favoriser l’interconnexion entre les diverses communautés et pour ça il d’abord reconnaitre l’existence de cette diversité et nommer les constituants de cette dernière. L’étiquetage si honni par certains permet alors de sortir d’une sorte d’anonymat, de non-reconnaissance.