« La Route » de Cormac McCarthy
Je ne peux m’empêcher de rompre ce silence assourdissant (sur un blog, ça fait double oxymore je crois ^^) pour vous parler d’un bouquin que j’ai commencé hier. C’est « La Route » de Cormac McCarthy. Un bouquin format pas-poche (Editions de l’Olivier, sorti en 2006 aux USA, 2008 en France) que mon padre m’a offert il y a quelques mois pour mon anniversaire. J’ai mis du temps à m’y mettre parce que j’ai du mal à sortir du style SF ou fantasy, il y a toujours une nouveauté à se tartiner avant que je n’en vienne à lire de la « vraie » littérature.
Ce livre est une vraie claque, je n’en suis qu’à la page 80 mais ça justifie quand même un billet… Billet que je rédige avant que l’envie ne me passe.
Un père et son fils errent dans un décor post-apocalyptique. A ce stade du bouquin, rien n’est dit (pas besoin) mais on suppose qu’un conflit nucléaire a grande échelle a eu lieu et qu’un hiver atomique s’installe ou se dissipe à peine. Les paysages sont recouverts de cendres comme pour une éruption du volcan Pinatubo, la végétation est totalement morte. Il n’y a rien à tirer de la terre. On apprend rapidement que le gamin est né pendant ou peu après la catastrophe, ce qui nous dit que la situation dure déjà depuis quelques années.
Comme contexte à peu près similaires, je connais une BD un peu similaire : Neige de Convard et Gine aux éditions Glénat. Et il y a bien sûr Mad Max. A ceci près que ces anticipations sont bucoliques comparées à cette lecture.
Objectif ? Il fait froid, il faut aller dans le Sud et le livre s’attèle à nous raconter leur périple. C’est un combat permanent contre la faim, le froid et surtout les autres survivants. Comprenez qu’en quelques années, la terre ne produit rien, les plantes sont mortes et ont été bouffées, pareil pour les animaux les plus facilement rattrapables. Il ne reste à bouffer que des vieilles conserves trouvées dans les ruines et… les autres survivants. L’expression « l’homme est un loup pour l’homme » prend tout son sens. Si on croise un survivant non-agressif, il ne faut pas l’aider parce que le peu de bouffe qu’on lui donnerait pourrait nous être utile le lendemain ou pire, si on aide ce survivant en détresse, il nous poignardera dans le dos pour bouffer le petit. Dans ce contexte, les enfants ne sont pas un espoir pour l’humanité qu’on imagine déjà condamnée mais des proies plus faciles à attraper voire à la chair plus tendre…
Rien de neuf à priori (j’ai déjà cité 2 oeuvres qui relatent un contexte similaire…) à ceci près que McCarthy a un style très (excessivement ?) efficace. Tout est très simple, pas de contexte géopolitique posé, on ne sait rien sur rien, on ne perçoit que ce que le père perçoit, on a faim, on a froid, l’immersion est totale et c’est le stress à chaque paragraphe ou presque. C’est du « survival horror » sans une once d’invraisemblance et c’est ce qui nous plonge rapidement dans le malaise. On se doutait déjà de la fragilité physique et/ou mentale des hommes mais ce bouquin semble tellement réaliste qu’à mes yeux, il tient plus de la démonstration que de la fiction.
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