Ca faisait un bout de temps que je voulais parler de cette petite saga que je trouve bien sympathique. Comme je ne lis qu’en format poche le plus souvent possible, je n’ai lu pour l’instant que les 2 premiers tomes, « Celtika » et « le Graal de fer » (chez Presse Pocket). « Les royaumes brisés » vont bientôt paraître si ce n’est déjà fait. Ceci dit, le second tome « clôture » un épisode de la saga et je prédis que le troisième tome sera un petit peu plus en marge par rapport aux deux premiers. En gros, je pense qu’on peut se contenter de ne lire que ces tomes (et faire un billet dessus).
D’abord le contexte. Le premier tome se déroule à une époque très ancienne, l’Antiquité, ou plutôt, je vais me faire tataner par les historiens, entre l’âge des mythes grecs et l’Antiquité (est-ce qu’on appelle l’âge de bronze ?). Cela fait des années que Jason, le Jason des argonautes, est revenu de son périple maritime au cours duquel Médée, prêtresse du Bélier, a tué ses fils. Le vieil homme las ressasse ses douleurs sur le pont d’Argo, le bateau « magique » protégé par la déesse Héra pour mener sa quête à bien. Quelques-uns de ses anciens compagnons argonautes, dont le mystique Antiokus, veillent sur lui et tentent vainement de lui redonner le goût de vivre. Un soir, un drame arrive et Jason se tue sur le pont d’Argo. C’est alors que les argonautes assistent à ce qui semble être le dernier geste d’Argo qui dérive vers le large pour y emmener la dépouille de son maître Jason. Avec la disparition d’Argo et de Jason semble se terminer l’âge mythologique, quand le rideau se relève, nous nous retrouvons plusieurs siècles plus tard et suivons le récit d’Antiokus aussi connu sous le nom de Merlin.
Merlin n’est pas le vieux chenu tel qu’on le voit dans le dessin animé de Disney ou la série d’Alexandre Astier, il est jeune, fringuant et surtout il est immortel. Ce n’est pas un secret mais ce dernier n’est pas humain, pas au sens où on l’entend. Il est « né » avant eux, à l’époque primale où les esprits qui deviendront les dieux foulaient la terre. La magie de son être est contenue dans ses os et il peut y faire appel pour perpétrer quelques prodiges. Le problème, c’est que plus il puise dans sa magie intrinsèque, plus il vieillit et contrairement à ceux de son espèce, il a choisit de ne rien gaspiller et de voyager indéfiniment, de suivre le Chemin que la destinée trace pour lui. Quand le récit commence, Merlin va dans les terres septentrionales d’Hyperborée à la recherche de l’épave d’Argo et de Jason. Il a une nouvelle à lui annoncer, ses fils ne sont pas morts…
C’est une des sagas les plus fraîches qui m’ait été permis de lire et qui se démarque, à mes yeux, des oeuvres fantasy « classiques ». Cet univers est baigné de magie, de mysticisme et Holdstock a une manière bien à lui de la traiter. Ici, point de magie hermétique, de boules de feu, de miracles et de démons monothéistes, il règne une atmosphère païenne et animiste très riche et omniprésente, plus proche des cavernes de la préhistoire que de la forêt vierge amazonienne ou de Papouasie. En plus de ça, le récit se déroule à une période inédite pour moi. C’est très dépaysant et donc bienvenu.
Pour les rôlistes, et en particulier ceux qui jouent à Mage, l’Ascension, le codex de Merlin a un autre intérêt puisqu’il présente à coup sûr une source d’inspiration sur la magie ancienne et païenne d’occident que ce soit celle des grecs, des celtes ou des peuples vivant dans les contrées du Nord. Personnellement, j’ai toujours trouvé qu’il y avait une lacune dans ce jeu quand il fallait décrire les paradigmes Verbena, Onirologues occidentaux ou Euthanatos. C’était un peu pauvre et l’univers de Holdstock comble en partie cette lacune, il y a des idées à piquer et à développer. J’ai ouï dire qu’une autre de ses sagas, les Mythagos, était du même acabit, faudra y jeter un oeil
initialement publié le 2/9/2008