"World War Z" de Max Brooks

Voisins lecteurs, cet article de critique « littéraire » est aussi un outil pour vous conforter dans l’idée de lire ou non le livre dont je vais parler ci-dessous. N’hésitez donc pas à signaler s’il vous a été utile ou pas, je peux corriger le tir 😉

Aiguillonné par l’exercice de lecture commune organisé sur le forum de Livraddict.com et conseillé par Julien suite aux discussions après sa lecture de la Route de MacCarthy, je me suis mis à lire ce livre écrit en 2006 par Max Brooks (le fils de Mel Brooks) à la suite du Guide de survie en territoire zombie que je connaissais déjà de nom. J’avais 9 jours pour le lire, je l’ai fini en 5 tellement il est facile à lire. Voilà pour le contexte de la lecture.

Ce roman semble être une uchronie, un récit qui propose une ré-écriture de l’histoire suite à la modification d’un évènement passé, il se peut que certains ne soient pas d’accord avec ce que j’avance, la question reste ouverte, on peut en discuter. A la fin du XXème siècle, une étrange et soudaine épidémie s’est déclarée dans la Chine profonde : des victimes de morsures sont mortes de fièvre et se sont réanimées pour attaquer et bouffer le voisinage. Vous l’aurez compris, c’était une épidémie de zombies. Celle-ci s’est répandue dans le monde entier causant d’innombrables morts qui sont venues gonfler les rangs de l’ennemi. Les gens ont d’abord douté de la menace, puis ont paniqué, se sont repliés, se sont défendus puis ont repris leurs terres aux morts-vivants et les nations se sont plus ou moins reconstruites. Le récit est un ensemble de témoignages de survivants de cette guerre totale, des premiers instants jusqu’à la reconstruction, une sorte de livre noir des zombies (pour rappel, « le Livre Noir » de Ehrenbourg et Grossman étant un recueil de témoignages de l’extermination des juifs par les nazis lors de l’opération Barbarossa en URSS).

Que dire sans en dévoiler davantage ? Je ne m’étendrais pas sur les détails ça ne ferait que nuire à votre lecture ; il y a deux histoires dans ce bouquin : une histoire de zombies et une histoire humaine d’humains. Les deux sont aussi poignantes l’une que l’autre, la première est une horreur absolue (les histoires de zombies me touchent beaucoup), un cauchemar tel qu’on en voit ou lit beaucoup ces dernières années, des premiers films de Romero jusqu’à la série de BD Walking dead et l’adaptation TV qui en a été faite. Contrairement à la Route, on ne s’identifie pas aux protagonistes mais les situations décrites sont suffisamment variées pour qu’on puisse se projeter nous même dans un tel contexte et qu’on ne se lasse pas d’imaginer ce qui pourrait nous arriver dans notre petit appart en centre ville ou dans le pavillon dans la campagne (ce que j’avais déjà ressenti à la lecture de la Lignée de Del Toro & Hogan qui avait pourtant un autre format). L’autre histoire, c’est celle des victimes, des humains qui tentent de survivre, qui paniquent, qui luttent contre les zombies, le climat et surtout qui luttent parfois entre eux. Ce livre est une vision de la nature humaine, plutôt parcellaire d’ailleurs puisqu’elle s’attache principalement à la connerie humaine, à son aveuglement, à son abandon quasi total dans l’ignorance et beaucoup moins à la cruauté, à la méchanceté ou encore à la folie même s’il y a quelques témoignages en ce sens.

Globalement, je ne suis pas tout à fait satisfait de cette lecture (même si je la conseille tout de même) : d’une part, je trouve l’épidémie de zombies assez irréaliste, ce sont des zombies softs dans le sens où il faut être mordu pour contracter la maladie (à l’opposé des zombies hard core de Walking dead où on devient zombie une fois qu’on meurt, mordu ou pas). J’ai du mal à croire qu’une telle épidémie puisse s’étendre plus que le SIDA ou que le virus Ebola. Un zombi est une menace visible et évidente qu’on peut contrer ou éviter plus facilement qu’une menace invisible comme un virus comme le SRAS. Ceci dit, qu’importe, ça a donné un beau prétexte de débacle. D’autre part, quant à la vision de Brooks sur le comportement des hommes face à une telle menace, je suis là aussi dubitatif. Autant, je suis persuadé qu’une menace écologique ou virale décimant la quasi totalité de la population monterait les survivants les uns contre les autres d’une manière plus violente et perfide que ce que Brooks prédit, autant contre une menace permanente et identifiable comme celle de Zack (surnom des zombies), je pense que ce serait plutôt le contraire : les gens resteraient très soudés voire trop soudés au point d’éliminer tout soupçon de menace façon hystérie à Salem Village. Quand on voit ce qui se passe quand on lâche un écolo dans les champs de maïs OGM, on se doute de ce qui arrivera si on est pris d’une quinte de toux en pleine épidémie zombie ^^’ Cette petite épidémie, je l’aurais donc plutôt vue dans une petite ambiance sympathique façon Torquemada & Co. Chaleur ^^ !

Ceci dit, ne nous méprenons pas, ça valait le détour quand même. D’ailleurs, dès que possible, je lirais les autres bouquins de Brooks sur les zombies.

Autres critiques de World War Z de Max Brooks : Nelfe, BlackWolf, Tristhenya, spyd, Guu, Anésidora, Pitivier, Shanaa, Iluze, julien le naufragé, Kactusss, zerojanvier, El Jc, GiZeus, Nathalie, Lou

httpv://www.youtube.com/watch?v=uhmUZWMZDuQ