"La croisée des chemins : l'armée des masques" de Chris Wooding

Voisins lecteurs, cet article de critique « littéraire » est aussi un outil pour vous conforter dans l’idée de lire ou non le livre dont je vais parler ci-dessous. N’hésitez donc pas à signaler s’il vous a été utile ou pas, je peux corriger le tir 😉

Alors que je constate que quelques personnes viennent sur mon blog pour avoir mon opinion sur l’oeuvre de l’auteur britannique Chris Wooding, la trilogie de la Croisée des chemins (sortie en VO entre 2003 et 2005 et en France chez Fleuve Noir entre 2005 et 2008 puis ré-édité chez Pocket), je voudrais revenir dessus et réhabiliter cette série alors que je ne l’avais pas tellement épargnée quand j’ai critiqué le premier tome en 2008.

Rappel de l’histoire : dans un monde imaginaire médiéval-japonisant-fantasy (trouvez m’en un deuxième et on pourra tenter d’inventer un nouveau genre de fantasy ^^) où les nobles assoient leur puissance sur le peuple grâce à une mystérieuse caste de sorciers qui peuvent, entre autres, communiquer entre eux sur de très longues distance grâce à une forme de télépathie, une jeune fille voit sa famille décimée par d’horribles mutants et découvre lors de se traumatisme qu’elle est elle-même une mutante dotée de pouvoirs destructeurs. L’enquête sur le meurtre de sa famille, aidée de différents compagnons, l’amène à découvrir que ces horribles démons ne sont que les jouets de cette caste de sorciers qui ourdissent un gigantesque complot visant à dominer le monde. C’est une fois de plus du « Orphelin/Rois/Vil-sorcier ».

J’avais critiqué le premier tome parce que le décor avait été dressé très rapidement, les protagonistes catapultés sur scène et l’intrigue cousue une fois de plus de fil blanc voire tendant au plagiat de la série des Guerriers du Silence de Pierre Bordage. Je ne reviendrais pas là dessus, ce tome était effectivement assez brusque. Ceci dit, les deux autres tomes rattrapent tout ça. Justement, à quelques détails près, le décor est posé, l’équipe de protagonistes est opérationnelle et la trame se déroule énergiquement. On a alors l’occasion de mieux connaitre les royaumes de Saramyr au fur et à mesure qu’ils se délitent sous l’influence des tisserands. Contrairement à ce que j’accusais précédemment, on dévie petit à petit du scénario des guerriers du silence (population incrédule manipulée en douce par les méchants) pour rentrer directement dans la confrontation violente et à une guerre d’influence entre les partisans de l’héroïne (je simplifie…), les nobles qui veulent garder leur pouvoir et les tisserands.

Le récit est bien mené avec des intrigues personnelles, des moments épiques, des victoires éclatantes et des échecs amers. Le traitement se veut réaliste faisant des royaumes de Saramyr un univers impitoyable et cruel qui n’a pas tellement à envier à l’ambiance du Trone de fer. Je m’arrête de suite au niveau de la comparaison : dans le Trone de fer, c’est surtout complots et coups bas qui engendrent des drames alors que dans la Croisée des chemins, c’est surtout la fantasy (le merveilleux, la magie, les monstres) très présente qui génère des moments de cauchemars et des tragédies sanglantes. Toujours est-il que Chris Wooding ne s’autocensure pas (sauf qu’il n’y a pas de cul) tout comme G.R.R. Martin. Les protagonistes de Wooding semblent plus précieux que chez Martin mais quand il faut décorer une chambre de tisserand c’est pas du taupe et du lin façon Damidot mais des écorchés, de la merde et du bon gros cadavre. Ajoutez là dessus une petite peuplade qui semble donner un exemple très positif de l’expérience marxiste et je ne peux être que satisfait.

Je vous invite donc à faire fi de ma première critique et de lire cette trilogie qui se lit rapidement.