"L'arcane des épées : la tour de l'ange vert" de Tad Williams

Voisins lecteurs, cet article de critique « littéraire » est aussi un outil pour vous conforter dans l’idée de lire ou non le livre dont je vais parler ci-dessous. N’hésitez donc pas à signaler s’il vous a été utile ou pas, je peux corriger le tir 😉

Cet article est la conclusion de ma lecture de la saga de l’Arcane des épées de Tad Williams, une série en 3 tomes dont les premières parutions aux USA datent de 1988 à 1993 puis traduits/séparés en 8 tomes parus en France de 1994 à 1999. Une fois de plus, les lecteurs français ont été pris pour des vaches à lait… Comment les éditeurs espèrent-ils une seule seconde qu’on puisse respecter leur travail >_< ? Au lieu d’entrer dans leur petit jeu de dupes, achetez d’occasion, allez à la bibliothèque publique du coin ou au pire, allez jeter un coup d’oeil sur BtJunkie (je sais qu’on peut y trouver par exemple le dernier tome de Game of Thrones sorti cet été).

Donc pour rappel, cette saga de fantasy somme toute assez classique relate les péripéties d’un jeune marmiton de 14 ans qui se trouve impliqué dans la réalisation d’une vieille prophétie qui raconte comment s’achèvera le conflit qui oppose un roi félon et ses alliés norns (~ des elfes noirs) et un prince déchu et ses alliés sithis (~ des elfes des bois). Rien de neuf dans la trame comme on peut le voir. Comme prévu, le garçon grandit, devient un héros et les gentils gagnent. On a les deux types d’elfes habituels, des gentils humains, des méchants, des neutres. On n’a pas de nain mais on a des trolls nains. Et une brassée d’épées magiques. Tout ce qu’il faut pour un nanar de high fantasy bien chiant.

Au final, c’est pas si mal. Les protagonistes n’ont rien de très charismatique mais ils sont réalistes et humains. Du moins certains (Simon, Rachel, Tiamak). D’autres sont exotiques (les sithis, les trolls, les dwarrows, les ghants, etc.), d’autres le sont moins (les elfes, les rois/princes, les vikings, les celtes, etc.). Même si la trame est cousue de fil blanc, il y a quelques bons moments de tension et quelques rebondissements et (ce que j’apprécie particulièrement, peut-être plus que le reste) les paysages et les décors sont convaincants. Il y a des passages du Seigneur des anneaux qui sont moins emprunts de nostalgie que ne le sont certaines ruines sithies. Je m’explique. Dans l’oeuvre de Tolkien, de nombreuses ruines sont teintées d’une histoire riche, histoire que Tolkien a écrite et qu’on peut lire dans différents bouquins ; dans l’oeuvre de Williams, on ressent cette histoire : on n’a pas accès au CV en 100 pages de tel ou tel héros mythologique qui a fréquenté tel arpent de forêt des terres du Milieu mais on s’imagine très bien sur place à passer la main sur les bas-reliefs érodés et effriter le lichen qui les ronge tout en regardant hypnotisé la poussière qui volète dans la lumière d’un puits de jour et en imaginant ce que fut cette place des siècles auparavant. J’ai trouvé que l’ambiance était tout simplement là et que ça remplissait le contrat. Ceci dit, ne jetons pas trop de fleurs, ça reste léger : pas de sexe, pas de plomb fondu dans le gosier, pas de cadavre trop faisandé. Ca reste du grand public.

Excepté la toute dernière fin, exécrablement mielleuse, que je trouve très anglo-saxonne (je ne peux pas en dire plus sans gâcher un insipide secret), j’ai apprécié cette saga par son traitement. Bien au-delà par exemple de la saga de l’Assassin royal de Hobb qui, même si le scenario est sans conteste différent, reste dans la même classe des sagas « orphelin/rois/vil sorcier ». Voilà, si on vous conseille de lire la saga de Robin Hobb, lisez plutôt Tad Williams 🙂