Voici le 2ème roman que j’ai terminé pendant ces petites vacances, « Une éducation libertine » de Jean-Baptiste Del Amo publié chez Gallimard : une petite incartade à mes lectures habituelles de part son thème (ni fantasy, ni SF) et son format (je n’achète que des livres de poche), il m’a d’ailleurs été refilé par mon père.
Le récit prend place dans le Paris du 18ème siècle (avant la révolution), Gaspard, un jeune breton totalement démuni, franchit les portes de la capitale avec pour ambition de sortir de la misère à laquelle sa condition de roturier semble le condamner. Ce roman est l’histoire de son « ascension », entre guillemets puisqu’il devra se compromettre au plus haut point (boulots de misère, prostitution, etc.) pour survivre suffisamment longtemps et avoir plusieurs opportunités de grimper socialement.
Il me semble que la trame est relativement classique et l’avoir vue ou lue sous diverses formes ici ou là. Mais même si c’est cousu de fil blanc, ce genre de récit d’apprentissage est toujours plaisant (du moins j’y suis toujours sensible). En fait, j’ai adoré ce roman que j’ai trouvé impitoyable sur de nombreux points et propose une atmosphère crasseuse qui manque à beaucoup de romans que j’ai pu lire auparavant. Histoire de vous donner un aperçu, voici un extrait issu des premières pages. Beaucoup plus parlante que l’extrait du 4ème de couverture, enjoy :
Dans cette géhenne, la chaleur de l’été collait aux visages comme un masque, drapait les corps de feu, tuait les bêtes qui tentaient de survivre en quelque coin d’ombre, suffoquait les femmes aux poitrines poisseuses. Les glandes sudorales déversaient par flots leurs humeurs. Jaillies d’aisselles velues, elles s’écoulaient des fesses aux flancs puis sur les jambes. Fondue comme du beurre sur les fronts, la sueur piquait aux yeux, répandait son sel aux bouches haletantes. La crasse s’écoulait comme un sédiment, marquait les plis aux articulations de traces noires. On s’éventait avec un rien, un vieux chiffon, une gazette, une main. On soulevait ce faisant, le remugle aigrelet des corps transpirants. La puanteur de l’un se mêlait à la puanteur de l’autre quand déjà les corps ne se frottaient pas, mélangeant leurs sueurs respectives. Cette pestilence gonflait les haillons, les vêtements de peu couvrant un reste de pudeur, montait paresseusement dans l’air stagnant, fleurissait, envahissait la ville entière.
Miam ! Le reste est à l’avenant, c’est que du bonheur. Si vous aimez, plongez pour vous intoxiquer dans cette atmosphère sinon fuyez ce bouquin.
Grâce au site Livraddict, je peux vous proposer d’autres chroniques sur ce livre :